11.1.09

8 juillet, le couloir d'un bus, une rencontre, Oruro, Bolivie

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Bus de la frontière chilienne à La Paz. Les chauffeurs nous ont proposé de voyager dans les soutes, on a dit qu'on préférait le couloir aux soutes et on s'est retrouvé assis par terre. En éprouvant cette sorte d'évidence d'être en Bolivie, où les règles ne sont pas forcément les mêmes.
A mes côtés une jeune fille à la peau sombre et aux deux nattes noires porte l'habit de la traditionnelle cholita: un grand châle autour du cou, une longue jupe bouffante qui tombe jusqu'aux pieds, le fameux chapeau montant qui penche sur un côté et deux petites ballerines délicates. Elle est surchargée de paquets et de paniers, gros sacs de toiles qu'elle porte sur son dos.

Elle s'appelle Maria, je suis contente parce qu'elle comprend mon espagnol et ses tournures chiliennes. Je lui donne 35 ans au moins, mais elle me dit en avoir 26 ans. Nous avons le même âge, et je me sens à la fois proche d'elle et si différente, même âge pour des vies si distinctes.
Elle vit à Oruro, ville célèbre pour son carnaval et me demande si je vais venir. Je lui dis que pas sûr et je lui raconte le seul carnaval que je connais, le carnaval de Dunkerque: les hommes qui se déguisent en femmes , le lancer de harengs du balcon de la mairie, les chansons paillardes, les rituels de bisous et de faux bisous…
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Malade, elle m'écoute à demi, elle n'arrête pas de vomir dans son petit sac en plastique. "Tu comprends, je suis peut-être enceinte. Qu'est-ce qui vont dire les gens du village, tu comprends, on est pas mariés, on est encore qu'amis…". Et recommence à vomir dans son petit sac plastique.

A Oruro, elle descend du bus, chargée de tant de paquets, comment arrive t'elle à porter tout cela. Et juste avant de partir, elle me glisse: "Tu sais, si tu veux venir au carnaval en février, j'habite dans une maison au fond du village. Demande aux gens, demande la maison de Pablo."
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