11.1.09

7 juillet, La Paz capitale, Bolivie

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Arrivée tard dans la nuit. J'ai posé un pied hors du bus et la ville a déferlé à mes oreilles. Il faisait déjà fort sombre, je n'ai pas vu La Paz, par contre je l'ai entendu hurler. Hurler les noms des quartiers dans les collectivos qui la sillonnent, hurler les marchands de rue, hurler les vombrissements des mini-bus et des taxis.

La Paz est construite dans une cuvette, d'innombrables maisons de briques oranges se se sont écoulées le long des pentes arides. Avec pour tout horizon la crête bien découpée des montagnes. Dans ses rues étroites et bondées, toutes inclinées, la multitude grouille et s'affaire. Le moindre espace de trottoir est pris d'assaut, les rues sont des marchés, tous les produits sont en vente aux chalands à même le sol: des chaussette, la viande qui se sèche au soleil, des portables, des bonnets de laine d'alpaca. Tout, on trouve absolument tout, jusqu'aux fœtus de lamas qui conjurent le mauvais sort.
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Les cholitas (nom des"indiennes", parfois positif, parfois péjoratif) avec leurs jupons bouffants de couleurs vives, à volants et à brillants, leurs chapeaux ronds et leurs deux tresses longues et noires, se déplacent portant sur leur dos de gros sacs de marchandises empaquetées ou le bambin dont on aperçoit que la petite tête. Elles avancent comme des fourmis affairées et trimbalent bien dix fois leur propre poids. Comme le grand âge n'épargne pas le travail quotidien, les petites vieilles aussi , marchant en angle droit, portent sur leurs épaules le poids de leur commerce et de toutes leurs années.

A l'angle de la belle cathédrale, je croise un jeune cireur de chaussures, la tête encagoulée pour que personne ne le reconnaisse: la honte de son gagne-pain lui fait dissimuler son visage à toute la société. Sur les murs de La Paz, graffitis et peintures revendiquent justice sociale et égalité. Evo cumplira. Evo cumplira.
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Dans la jungle urbaine, je me déplace avec lenteur pour ne pas me laisser emporter par le grouillement de la multitude. La Paz déferle, sauvage et indomptable. Et pour traverser une rue, si étroite soit-elle, il faut bien étudier son environnement avant de poser un pied sur le goudron, vérifier à droite à gauche d'un regard panoramique et traverser précipitamment, avec la volonté de sauver sa peau. Une fois sur le trottoir d'en face, mieux vaut jeter un dernier regard sur le bitume pour s'assurer que son ombre n'y est pas restée.
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