8.1.09

10 septembre, match de foot Pérou/Argentine, Lima, Pérou

Aurais-je pensé un jour que mon premier match foot aurait lieu au Pérou, à Lima... Je ne nie pas mon retard, 26 ans, tous les matchs visionnés à la télévision, aucun en direct. Alors quand à l'auberge de Miraflores, des mordus internationaux du football m'ont proposés le match Pérou-Argentine, j'ai dit oui sans hésiter. Et j'ai vite choisi mon camp: Rouge et Blanc, Arriba Pérou, au Pérou pour les Pérouviens.

Dans le Estadio monumental aux mille chaises de couleur, je commence par méditer la philosophie des murs. L'équipe péruvienne a la réputation de perdre souvent mais jamais sur sa propre terre. D'où de sages inscriptions : "Nous ne jouons pas pour la victoire, mais parce que la campagne en vaut la peine." Dans les rangs pourtant, les supporters lancent des réflexions un peu moins métaphysiques, que par une grande politesse verbale je ne traduirai pas. "Esos Argentinos son todos putos, hijos de la concha de tu hermana, que se vayan de Peru, bamos a matar los, arriba Peru, arriba Peru." Tout de rouge et de blanc vêtus, les fans fanatiques sont bien décidés à gagner et non à participer.

Début du match. Rien à dire les Argentins sont plus professionnels, et même pour moi qui y comprend pas grand-chose, je peux constater que leur jeu collectif est plus ample, plus développé et qu'ils maîtrisent mieux leur énergie. Quant aux Péruviens, ils dépensent sans compter, ils te shootent des tirs qui traversent les trois quart du stade et ils se jettent vers les buts comme vers une sortie de secours. Avec l'urgence de marquer.

30 minutes. But de l'Argentine, moment de désespérance dans les rangs péruviens on a mal au cœur. Mais on va rattraper cela, les supporters gueulent comme jamais et les joueurs se jettent dans le jeu avec la rage du cœur. La hargne de la volonté. La foi de ceux qui n'ont jamais perdu sur leur terre.

10 minutes avant la fin. On s'est vraiment escrimé à gueuler à en perdre haleine, la fin du match approche, la fièvre monte un peu et on commence à plus y croire. Mais on veut y croire quand même jusqu'au bout. Les joueurs livrent leur ultime bataille, les Argentins sur la défensive ont fermé le jeu.

2 minutes avant la fin, je me lève j'ai pas envie d'attendre la cohue de la foule désenchantée et je vais siffler un taxi avant la masse. Dernier regard d'au revoir sur le terrain, encore un joueur qui drible vers les buts avec la fureur de l'ultime opportunité. Il tire et, mon Dieu, non, si, but !!! c'est le but !!! A l'ultime minute, but des péruviens, je tombe dans les bras de mon voisin inconnu, larmes aux yeux, la foule en masse hurle sa joie. C'est un match nul, pas de série de tirs au but pour désigner le gagnant, juste un match amical.
Mais bon dieu, c'est nous qu'on a gagné, parce qu'on a gagné à l'acharnement, parce qu'on a gagné avec les tripes, c'est clair on est pas aussi pro mais on a tout donné on y a cru jusqu'au bout, on a pas baissé les bras et on a donné au monde entier une belle leçon de courage. Et à ce moment-là moi je me sentais certainement plus péruvienne que tout le Pérou réuni.

La vie c'est comme un match de foot. Faut jouer avec son cœur et puis y croire jusqu'au bout.

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