10.1.09

17 août, retour à Puno, Pérou

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On a quitté Cuzco où tout est argent et où toute parole se vend. Où il y a les restaurants pour les étrangers et les boui bouis locaux. Le train pour les étrangers et le train pour les locaux. Les discothèques pour les étrangers et les discothèques pour les locaux. Où il y a deux mondes qui se croisent et ne rencontrent que pour des raisons commerciales. A Cuzco, je me suis sentie encore plus gringa qu'ailleurs. Mais dans le voyage c'est comme une règle du jeu qu'on accepte, celle de la relation du négoce touristique. Au tousiste il faut vendre et les vendeurs te poursuivent dans la rue.

Bref on a quitté Cuzco sur fond d'escroquerie au Terminal de bus et on est allé directement à Puno que je connaissais déjà. J'y retournais pour mon frère Louis connaisse le splendide lac Titicaca, à la frontière du Pérou et de la Bolivie. La première fois, Puno ne m'avait pas vraiment impressionnée, architecture banale qui suscite peu de commentaires. Juste une ville sympa et colorée, où les touristes passent pour aller aux îles du lac mais ne restent pas.

Comme on apprécie les gens parfois au file de rencontre, j'ai commencé à trouver du charme à Puno quand j'y suis revenue pour la seconde fois. Puno, une ville sincère et authentique, qui se donne comme elle est. Une ville bruyante , grouillante de tous ses tricycles et motocycles qui la parcourent en tout sens, à grands coups de klaxon. Joyeuse, où le vieux père de famille qui ne possède qu'un vélo taxi pour gagner sa vie me fait une blague "a donde vamos? Bamos a los Yungas!". Souriante, comme cette petite vendeuse qui me demande d'un air malicieux un dollar pour un peso.


Ville de foi, avec ses hommages à la Vierge Marie dans de petites chapelles fleuries et éclairées de mille bougies au marché du port. Tranquille, comme les employés de la voirie qui roupillent dans leurs brouettes, comme le chauffeur de la bicyclette Che Guevara qui a momentanément abandonné la propagande pour une bonne sieste. Festive, tous les petits bouquets sur les pare-brise des vélos souhaitent un joyeux anniversaire. Ville vivante, si vivante.

Mais par-dessus tout ce que j'ai aimé à Puno, c'est les taxi vélos, où les chauffeurs pédalent à toute allure entre les voitures et les bus. Et à chaque carrefour, on a l'impression qu'on va emboutir un pare-choc ou une portière, mais le vélo frôle l'obstacle et le dépasse, l'effleure et le délaisse, et moi j'éprouve une étrange impression de vitesse et de liberté. Louis, il n'a pas apprécié le taxi vélo: il a eu pitié de tous ses prolétaires qui n'ont que la force de leurs jambes pour nourrir leur famille et qui se chargent comme des mulets pour gagner un passager. Bon on a vite trouvé un compromis et on a troqué les taxis vélos pour les taxis mobylettes: un peu moins d'effort, un peu plus de bruit, et cette même sensation de liberté qui file de rues en rues.

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