11.1.09

21 juin, ainsi font font font et puis s'en vont. San Pedro de Atacama, Chili

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San Pedro de Atacama est certainement le plus joli village chilien qu’il m’ait été donné de connaître. Tout en adobe, perdu en plein milieu du désert le plus aride du monde. Berceau de la culture atacamène, au pied du majestueux volcan Licancabur, San Pedro possède un patrimoine archéologique absolument hors du commun et les paysages qui l’entourent sont d’une beauté stupéfiante: les rouges reliefs ondulés et découpés de la vallée de la Lune, les geysers du Tatio et ses grandes colonnes de vapeur qui ne s’élèvent du sol qu’au soleil levant, les lagunes turquoises qui ont fleuri au pied des volcans de la Cordillère.

Et pourtant. Malgré toute ce patrimoine extraordinaire, j’ai fui San Pedro au bout de quatre jours, j’ai quitté ave soulagement ce ravissant petit village où chaque maison est une agence de voyage, un hôtel ou un restaurant. Dans le grand reflux de l’exploitation touristique, tout semble voué à une commercialisation effrénée et à un tourisme de masse disproportionné (dont j’assume avoir fait partie et que je vais maintenant critiquer, belle contradiction?).
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A San Pedro, j’ai attrapé une drôle de maladie, une allergie profonde à ce que les agences de voyage te vendent pour un tour. Celui que j’avais payé fort cher pour aller au Salar de l’Atacama comprenait: 10 minutes dans la Quebrada de Jere, oasis au coeur du désert, 10 minutes au village typique Toconao où tout le monde se doit de laisser un pourboire à Ricky le llama qu’on a sorti juste à l’arrivée des touristes, et à peine descend-on du bus qu’il faut déjà y remonter. Comme s’il suffisait de prendre trois photos pour apprécier un paysage.

Au Salar d’Atacama, objectif ultime du tour, on nous a laissé une heure pour vagabonder dans cet incroyable lac de sel. A l’est de cette immense étendue de roches salines, la majestueuse ligne des volcans de la Cordillère des Andes dans les couleurs roses écarlates du soleil couchant. A l’ouest, les formes plus arrondies de la Cordillère de Domeyko, baignée d’une lumière dorée. Aux pieds de cette chaîne de montagnes aux courbes plus douces, les flamands roses, comme des notes de musique sur une partition, se déplacent élégamment dans la lagune de Chaxa. A quelques mètres du bord, un petit flamand isolé, dit de James, marche en vrai dandy; quand il relève lentement son petit pied en hauteur, ses palmes se referment avec délicatesse pour ne plus former qu’un seul trait. Il a l’air tellement épuisé, il vient d’arriver de Bolivie après des kilomètres et des kilomètres. Il n’a même plus la force de fuir les flashs de tous les touristes et se contente de cligner des paupières.

Alors certes le coucher de soleil sur le salar d’Atacama valait bien 10000 pesos et la compagnie de touristes pas très futés. Valait bien la concession d’un tour organisé sans surprise, où il suffit de suivre le guide et d’écouter ses explications parfois intéressantes. Mais consommer un paysage sans l’avoir chercher, sans avoir goûté à cette petite part d’inconnu où il faut inventer un chemin qui n’est pas tracé, c’est comme renoncer à l’aventure qui rend possible l’imprévu et le merveilleux.
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