10.1.09

2 août, le canyon de Colca et un proverbe chinois, Cabanaconde, Pérou

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Canyon de Colca.C'est une vallée encaissée entre ses parois rocheuses et arides, qui donne le vertige. Avec Louis, 1000 mètres de dénivelé nous paraissait faisable. Alors on a laissé les gros sacs de routard à Cabanaconde, 3000 mètres d'altitude et on est parti avec un petit baluchon pour deux jours de randonnée au fond du canyon.

Du mirador San Miguel, nous descendons un chemin poussiéreux de lacets entre les murailles rocheuses ocres et blanches. Malgré la chaleur, la descente est facile et nous arrivons vite au bout des 1000 mètres de dénivelé, là où un petit pont vacillant marque l'entrée d'une 'étroite vallée verdoyante, qui se cache dans les profondeurs.

Le canyon de l'intérieur est une grande oasis de verdure, un verger qui puise ses racines dans les eaux vertes de la rivière. La vallée offre ses fruits tout au long des sentiers caillouteux et des canaux d'irrigation qui vont alimenter les petites parcelles en terrasse. Dans ce monde clos de petits villages, les auberges ont fleuri le long des chemins pour les touristes. Et de hameaux en hameaux, nous finissons par arriver dans un nid de verdure où ont poussé bungalows de roseaux et piscines: l'Oasis Paradis de Sangalle.

Après une nuit au Paradis, nous décidons de nous remettre en route à l'heure la plus propice pour grimper vers Cabanaconde. Le soleil est à son zénith et nous voilà donc partis sous une chaleur écrasante à la conquête des 1000 mètres en pente raide . Si la descente a été facile, l'ascension est plus que difficile et j'admire tous les mulets croisés qui avancent sans suffoquer.
Mes pas ressemblent à un piétinement, Louis me vilipende pour ma profonde lenteur. Il me semble que mon corps va me lâcher à chaque tournant et j'ai envie de m'arrêter à toutes les ombres de la montagne. Sauf que mon frère avance tranquillement et qu'il me faut bien suivre entre deux suffocations.

Ma pensée cherche quelque chose qui pourrait m'aider à progresser, comme si la randonnée du corps imposait le travail de l'esprit. Il me revient en mémoire un proverbe chinois: Ne crains pas de marcher lentement, crains seulement de t'arrêter. J'avance chacune de mes jambes, l'esprit fixé sur la bonne parole orientale. Et grimper devient un exercice de la volonté.

A force d'avancer lentement, on est finalement arrivé, Louis en gazelle et la sœur qui suit en tortue. Avant d'atteindre le village, je me suis retournée pour regarder les 1000 mètres de dénivelé, le relief escarpé et le grand vide de la vallée. Et le canyon de Colca est devenu comme un trophée, une petite victoire sur moi-même: à petits pas de fourmi et à grands coups de proverbe chinois, j'ai gravi le grand canyon de Colca.
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