10.1.09

23 juillet, l'île du soleil, l'exil et le royaume

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C'est un lac immense comme une mer, à la frontière du Pérou et de la Bolivie. Le regard cherche ses contours et ne trouve qu'un bleu profond aux fines vaguelettes côtelées. A 4000 mètres d'altitude, le plus haut lac navigable du monde côtoie les sommets et semble si proche du ciel.
Sur les eaux altières de la Bolivie, l'île du soleil appartient à un autre temps, originel et mythique. Ses reliefs blancs et escarpés prennent racine dans les eaux profondes et reflètent une lumière blanche et pure. L'île serpentée par de petits chemins de terre a su préserver son silence et sa sérénité. Les habitants de trois communautés différentes y vivent de l'élevage, de la pêche et bien sûr du tourisme, mais d'un tourisme qui n'a pas encore tout ravagé.
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Tôt le matin, on ne croise sur les chemins ensoleillés de l'île que des ânes, des lamas, quelques troupeaux de moutons gardés par un berger et les petits cochons roses qui affectionnent les plages de sable fin. Au Nord de l'île, la roche sacrée des Incas défie l'horizon, on peut y deviner les formes du puma, de la lune et du soleil emmêlés. Au temps de l'Amérique préhispanique, des milliers de pèlerins venaient vénérer cette pierre où serait né le premier Inca.

Face à la roche, les tables sacrificielles, où la civilisation tiwanaku immolaient des animaux en l'honneur des dieux, quant aux Incas, ils y sacrifiaient de jeunes vierges. En contrebas des tables, une basse construction de pierre domine la mer: le labyrinthe de l'Inca, où les croyants doivent se perdre pour trouver le divin. Au loin trois petites îles blanches forment un triangle, et l'on raconte qu'au cœur de ce triangle il y a une ville engloutie, une Atlantide inca, qui en vérité serait un incroyable amoncellemnt d'offrandes sous les eaux.

L'île du soleil est un royaume où l'homme sent qu'il s'élève au-delà de sa propre pesanteur, de sa propre condition terrestre. Un lieu où parle l'esprit, où les paysages étrangement purs et splendides viennent incarner l'infiniment beau et l'infiniment grand.




L'île du soleil est l'aboutissement de mon voyage en Bolivie et sa plus noble conclusion. Ici le monde semble différent, cette terre connaît une autre culture qui prend racine dans ses origines indigènes, les gens s'habillent, vivent, mangent et pensent différemment. Pays grandiose aux paysages si distincts, si variés.
Je l'avoue bien humblement, voyager en Bolivie ne m'a pas été simple. La réalité m'est apparue à la fois splendide et opaque, merveilleuse et difficile, sublime et violente. Comme si au cœur de ce royaume qui possède d'immenses richesses, tous les habitants étaient condamnés à l'exil, à lutter pour leur pain quotidien. La beauté en Bolivie a souvent les traits de la misère, et la pauvreté la rend douloureuse. Evo cumplira.
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