11.1.09

16 juillet, une virée au Paradis, Coroico, Pérou

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Il est des lieux qui donnent envie de croire au paradis. En sortant de l'enfer des mines de Potosi, je suis allée dans les Yungas, zone de transition entre l'altiplano et la jungle, au Nord de La Paz. De l'altiplano, les yungas ont conservé un relief montagneux, mais avec des formes plus douces et moins abruptes. Des sortes de grandes collines rondes, recouvertes d'une végétation riche et luxuriante qui évoque déjà la forêt dense.

La route qui mène au paradis s'appelle la route de la mort. Serpentant dans les montagnes elle ne fait que côtoyer le vide, sans barrière de protection. Chaque virage donne l'impression que son heure a sonné et après chaque virage on se dit que c'est encore un peu tôt. Être passager du mini bus est un véritable acte de foi.


A l'arrivée au paradis, il faut commencer par enlever tous les pulls. Changement de climat, il fait chaud et humide. Le village résonne des rires des enfants qui jouent sur la grande place. Les gens portent sur le visage du bonheur tranquille et saluent gentiment l'étranger de passage. "Gringa linda" me lance une petite fille malicieuse, avant d'aller se cacher derrière un arbre.
Au paradis, tous les peuples sont égaux et des habitants noirs, anciens esclaves qui ont survécu à l'enfer des mines, ont migré dans les yungas pour former la communauté de Toconoa. Ils ont adopté les coutumes locales, et les mamas afros portent la grande jupe bouffante et le chapeau rond des fameuses cholitas.




La nuit, les rues résonnent de la musique rythmée des cuivres et des percussions. Le défilé de la fanfare locale vient célébrer la vierge du Carmen, en scandant un petit air guilleret. Les anciennes qui portent l'encens et une poupée de l'enfant Jésus ouvrent le cortège, puis viennent les groupes de danseurs au costume satin avec un grand cœur tond sur la poitrine et un petit chapeau brillant.

Les habitants des vallées yungas vivent du commerce des plantes et des fruits qui s'amoncellent au devant des petites échoppes. Et l'on marche entre les gros tas de feuilles de coca et de bananes. Dans les chacras* qu'aucune clôture ne vient séparer, les papayers surplombent les rizières de coca. Sur une même parcelle tout est mélangé, et les papillons bleu morpho passent de bananiers en papayers et de papayers en caféiers.

En grimpant les montagnes, on marche dans les nuages qui passent comme de grands courants d'air frais. L'horizon se dévoile quand le brouillard se dissipe, et on admire les rubans argentés des rivières qui ondulent entre les collines vertes et douces . En se rapprochant du sommet, une végétation clairsemée laisse place à de petit bouts de forêt dense et les arbres toujours plus hauts semblent vouloir se rapprocher du ciel.

J'ai passé quatre jours à Coroico, quatre jours d'eden volé d'un bonheur simple et pur. Les gens n'y sont peut-être pas riches mais toujours joyeux. Est-il possible d'être malheureux dans un paysage verdoyant, qui offre à tous ses fruits sucrés, son chaud soleil et ses rivières aregentées?

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