11.1.09

5 juillet, guanaco des champs et guanaco des villes, frontière Chili- Bolivie

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A Santiago, lors des manifestations, les policiers ou carabineros sortent le char à eau, appelé ici lanzagua ou guanaco. La dernière fois que j'ai vu un guanaco, il y avait quelques centaines de femmes dans les rues de la capitale qui manifestaient contre l'interdiction de la pilule du lendemain par le congrès chilien. La revendication a pris fin Place d'Italie quand le char à eau a fait son apparition pour disperser cet agroupement de quelques militantes.

Mes amis m'avaient expliqué que ce tank qui tire de violents jets d'eau porte le surnom de guanaco en référence à un petit animal andin qui crache aussi de l'eau. Comme mon niveau d'espagnol de l'époque ne me permettait pas de comprendre la description détaillée de l'animal en question, j'avais imaginé une sorte de bête mythologique, un aigle noir avec de grandes pattes griffées, qui crache de longues flammes brûlantes. Bref, mon imagination avait prêté à la bête des Andes la violence du char des villes.
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Quelle ne fût pas ma surprise quand dans le parc national Lauca du Chili, on m'a finalement montré un guanaco, un vrai. Une vraie peluche sur pattes, un lama au pelage dru avec de grands yeux noirs et doux. Un animal au regard tout tendre qui crache de l'eau à la figure des gens quand on vient l'embêter d'un peu trop près. Mais tant éloigné du guanaco de la capitale qui a pour fonction de faire régner l'ordre dans les cités et de remettre à sa place la liberté d'expression.

Peut-être que le Chili porte en lui ces deux visages. Le guanaco des Andes, les doux paysages andins, les montagnes majestueuses et l'artisanat de la laine, les rapports si amicaux entre les gens, cette hospitalité sans fin qui se nomme le cariño, ce Chili qui m'a adopté et que j'aime. Et puis de l'autre côté de la monnaie, le guanaco des villes, la répression systématique de toute manifestation, une société conservatrice fascinée par la chose militaire, le tout capitalisme et ses inégalités, le fantôme de Pinochet qui hante encore bien des esprits. Deux profils contradictoires et opposés pour une même réalité, le guanaco des villes et le guanaco des champs.
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